Aux oriigines de la démocratie
ENSEIGNEMENT MORAL ET CIVIL
Axe 1 : Fondements et expériences de la démocratie

Même si bien entendu le fonctionnement actuel de la démocratie ne correspond plus aux modèles anciens, on a coutume de dire que la démocratie telle que nous la connaissons trouve ses sources, si ce n’est son origine, dans l’Antiquité. Par ailleurs, la mise en œuvre ou du moins l’aspiration à la démocratie se poursuite au Moyen-Age, ne serait-ce qu’à une échelle locale et sur un laps de temps limité.

Comment la démocratie a-t-elle été envisagée et mise en œuvre au cours de l’Antiquité et du Moyen-âge ?

Objectif de la séance : Comprendre les origines de la démocratie, ses mises en œuvre mais également ses limites

Mise en œuvre : Réalisation d’une carte mentale prenant appui sur l’analyse d’un corpus documentaire

Le tirage au sort au cœur de la démocratie athénienne
Klèrotèrion en pierre (machine à tirer au sort le nom des citoyens appelés à rendre la justice), milieu du IVe siècle av. J.‑C, découvert sur l’Agora d’Athènes, Musée de l’Agora, Athènes.
 
Les institutions de la démocratie athénienne
 

Périclès fait l'éloge de la démocratie
En 430 avant J.-C., pendant la guerre du loponse, le stratège Périclès (vers 495-429 avant J.-C.) prononce une oraison funèbre en l’honneur des premiers soldats morts au combat.

« La Constitution qui nous régit n’a rien à envier à celle de nos voisins. Loin d’imiter les autres peuples, nous leur offrons plutôt un exemple. Parce que notre régime sert les intérêts de la masse des citoyens et pas seulement d’une minorité, on lui donne le nom de démocratie. En ce qui concerne le règlement de nos difrends particuliers, nous sommes tous égaux devant la loi; mais en ce qui concerne la participation à la vie publique, chacun obtient la considération en raison de son mérite, et la classe à laquelle il appartient importe moins que sa valeur personnelle. Enfin nul n’est gêné par la pauvreté et l’obscurité de sa condition sociale s’il peut rendre des services à la cité […]. Nous inter-venons tous personnellement dans le gouvernement de la cité au moins par notre vote ou même en présentant à propos nos suggestions. Car nous ne sommes pas de ceux qui pensent que les paroles nuisent à l’action. Nous estimons plutôt qu’il est dangereux de passer aux actes, avant que la discussion nous ait éclairés sur ce qu’il y a à faire ».
Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, livre II, traduction de Denis Roussel, © Gallimard, coll. « Folio Classique », 2000.
Un regard d'historienne sur la démocratie athénienne
«La formule qui figure le plus souvent en tête des décrets athéniens, edoxe tô demô (le démos a décidé),témoigne que la souveraineté, le pouvoir de décision, réside dans le vote de l’assemblée des citoyens. Mais il va de soi que les citoyens ne siégeaient pas tous sur la Pnyx. On a évalué à 9000 le nombre de ceux qui pouvaient s’y rassembler. Autrement dit, les décisions n’étaient prises que par un quart environ des citoyens […]. Prendre la parole devant une foule de plusieurs milliers de personnes impliquait une maîtrise de la parole, ce qui explique que l’on ait très vite tenu les orateurs comme un élément essentiel du système démocratique, comme des “professionnels” de la politique, dont la mission était de guider le démos. D’où le terme de “démagogue”, qui n’avait pas à l’origine de sens péjoratif[…], dans la mesure où, pour s’assurer l’appui du démos, les orateurs chercheront d’abord à lui plaire […]. Ces orateurs formaient, avec les stratèges, une classe politique distincte de la masse des citoyens. »
Claude Mossé, Regards sur la démocratie athénienne, © Perrin, un département de Place des Éditeurs, 2013.



La démocratie athénienne et ses limites

Quels sont, dans la cité démocratique, les critères qui distinguent le citoyen de celui qui ne l’est pas ? Le premier, le plus important, tient en un verbe : « participer » [...]. La participation en commun définit la cité, et, sans participation effective, le citoyen n’est plus lui‑même ; il perd sa raison d’être, sociale et politique, son « utilité » au milieu des autres. [...] Pour pouvoir participer, le citoyen doit jouir du « loisir ». C’est le second critère distinctif du citoyen retenu ici. Le fait est d’autant mieux connu qu’il est associé, de façon structurelle, à l’existence de l’esclavage [...]. Sans l’existence et le travail des esclaves, les citoyens ne pourraient assumer les magistratures, se rendre à l’Assemblée, être membre du Conseil, partir à la guerre quand ils l’ont eux‑mêmes décidé.
Pascal Payen, « La démocratie dans la Grèce antique » dans P. Cabanel et J.M Février, Questions de démocratie, PUM, 2000.

Sparte : démocratie ou oligarchie ?

Bien des gens en parlent comme d’une démocratie, parce que son organisation contient nombre d’éléments démocratiques ; par exemple, dans la façon d’élever des enfants : ceux des riches en effet sont élevés de la même manière que ceux des pauvres et on leur donne un genre d’éducation qui pourrait être aussi celui des enfants des pauvres ; [...] Enfin, pour les deux plus hautes magistratures, le peuple élit à l’une et accède à l’autre. [...] D’autres au contraire y voient une oligarchie, parce qu’elle contient nombre d’éléments oligarchiques : par exemple, toutes les magistratures sont électives et aucune n’est tirée au sort ; quelques magistrats décident souverainement de la mort ou de l’exil.
Aristote, La Politique, IVe s. av. J.‑C.