Exposition 3 :
Une redistribution de la puisance au XXIème siècle
THEME 3 :
LA GOUVERNANCE MONDIALE DANS UN MONDE MULTIPOLAIRE

Chapitre 7 :
Nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux
Un monde multipolaire
 
L'UE, un géant dans la mondialisation
Sources : Banque mondiale, Eurostat et Fortune Global 500, 2020
 
Le poids démographique et territorial de l'UE en 2020
 
L'UE, un espace ouvert et en compétition avec le monde
 
Les paradoxes de la puissance européenne dans le monde

Le paradoxe pour l'UE est qu'elle n'est pas perçue comme un acteur majeur dans le système de la gouvernance économique mondiale bien qu'elle soit, en termes de PIB, la première puissance économique (avec environ 22% du PIB mondial). Pour l'heure, elle parvient encore à faire entendre sa voix dans le concert des nations grâce à son héritage historique, mais au fur et à mesure que s'accroîtra la concurrence des économies émergentes, il deviendra de plus en plus difficile pour elle de tenir une telle position. Pour éviter la marginalisation, le défi pour l'UE est double: il s'agit d'une part de parvenir à maintenir son statut de puissance économique et d'autre part de trouver le moyen de convertir de manière durable son potentiel économique en capacité d'influence, ce qui passe par une réforme interne et une définition claire de sa propre vision de l'avenir.

Dès lors, les efforts de l'UE doivent porter sur trois axes. Tout d'abord, il paraît impératif de relancer l'effort de compétitivité au sein de l'UE. Deuxièmement, si l'UE veut continuer à participer à la structuration du système économique mondial de demain, elle doit doit se montrer plus unie, plus cohérente, et mieux à même de définir et d'exprimer une position commune. Enfin, la troisième piste est pour l'UE d'apprendre à travailler de manière Indépendante et constructive avec les nouveaux acteurs clés du monde de demain, à savoir les grandes économies émergentes.

F. Nicolas, L'Europe et le monde en 2020, Septentrion, 2019

L’Union européenne, acteur majeur sur la scène diplomatique internationale?
L'Union européenne a souvent souffert, et souffre encore aujourd'hui, de nombreuses critiques relatives à sa place diplomatique sur la scène internationale. Souvent qualifiée de "soft power" ou "puissance douce", positivement par ses supporteurs mais péjorativement par ses détracteurs, la diplomatie européenne est incarnée depuis le traité de Lisbonne par le Service européen pour l'action extérieure (SEAE).
Original link

Défense européenne, Alliance atlantique et OTAN

La coopération entre l'Alliance atlantique et l'Union européenne est source de débat en Europe, où deux visions s'affrontent. D'un côté, certains pays sont pleinement engagés dans l'Alliance et souhaitent conserver l'assurance de la protection américaine. Ces Etats - les pays baltes ou la Pologne - craignent une résurgence militaire russe et estiment que l'Europe n'a pas les moyens d'y faire face seule.

Par opposition, des pays comme la France et l'Allemagne sont partagés entre cette vision et le besoin de développer une structure de sécurité collective autonome et plus indépendante des Etats-Unis (...). Dans une volonté de se désengager des conflits mondiaux, Washington estime que les Européens se reposent trop sur les Etats-Unis pour leur défense, remettant en question la protection américaine. [Le président Trump] a plusieurs fois réclamé des efforts financiers de la part des Etats européens qui, pour la plupart, ne respectent pas les recommandations (1) de l'OTAN en termes de dépenses militaires.

"OTAN / Union européenne : quelle coopération ?", touteleurope.eu, 3 avril 2019

(1) L'OTAN demande aux pays membres de porter à 2% du PIB leurs dépenses militaires.

Infographie - Le rôle de l'UE dans le commerce mondial
 
Union européenne : la vivifiante leçon de géopolitique de Josep Borrell
Le haut représentant de l’UE a profité de la semaine des ambassadeurs européens à Bruxelles pour donner sa vision du monde.
Sur le fond, le haut représentant de l’Union européenne a donné une master class de géopolitique des défis auxquels l’Europe fait face. Il a déroulé son analyse d’un continent pris dans une « radicale incertitude » et aujourd’hui par trop dépendant des puissances américaine, chinoise et… russe. « Nous avons découplé les sources de notre prospérité des sources de notre sécurité », a-t-il déclaré, citant l’analyse du chercheur Olivier Schmidt, professeur du centre d’études de guerre de l’université du Danemark du Sud.
Rappelant comment l’UE a construit sa richesse et son développement récent sur un prix de l’énergie – issue le plus souvent de Russie – très faible et sur le commerce – exportations de machines et importations de bien à bas prix – avec la Chine. « Je pense que les travailleurs chinois, et leurs salaires bas, ont fait plus pour contenir l’inflation que toutes les actions des banques centrales » mondiales…
La guerre en Ukraine remet bien sûr en cause les liens de dépendance avec la Russie, comme l’Europe le vit déjà en voyant les prix de l’énergie exploser. Après la crise due au Covid-19 et la reconduction pour un troisième mandat de Xi Jinping, les liens avec la Chine se distendent également fortement. « Les ajustements seront très durs », prédit-il.D’un autre côté, l’Europe a confié sa sécurité aux Etats-Unis depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ne souhaitant pas développer ses propres instances ou sa propre autonomie stratégique, comme l’assène continuellement Emmanuel Macron. Aujourd’hui, « nous avons une relation et une coopération fantastique » avec les Etats-Unis. Mais demain ? Si Donald Trump ou un autre revenait ? Conclusion : « Il nous faut assumer plus de responsabilités. »[...]
le diplomate déplore, comme tous ses prédécesseurs, la difficulté et la complexité de l’organisation de la politique extérieure de l’Union, qui dépend à la fois de la Commission et des Etats membres. « Certainement, nous devons relier les politiques nationales et la politique communautaire, explique-t-il, mais nous avons encore beaucoup à faire pour apparaître comme un pouvoir, quelqu’un qui agit au nom de l’ensemble de l’Union. »
Et pourtant, sur le fond, la situation mondiale dérape partout, avec le retour de « la guerre des Etats », sous forme souvent hybride. « Aujourd’hui, tout est utilisé comme une arme, affirme-t-il. Tout : l’énergie, les investissements, l’information, les flux migratoires, les données… Il y a une bataille globale pour accéder à des domaines stratégiques : le cyber, le maritime ou l’espace. »
Et la seule défense du savoir-faire bruxellois, du compromis et de la défense des principes démocratiques n’est plus suffisante. « Je pense que de plus en plus le reste du monde n’est pas prêt à suivre l’exportation de notre modèle, assure-t-il. Nous devons mieux écouter les autres (…). Nous pensons savoir mieux ce que sont les intérêts des autres peuples. »

Or, ce qui mène le monde n’est plus seulement l’économie, comme ces cinquante dernières années, mais les « identités », dit-il. « De plus en plus, des identités s’élèvent, souhaitent être reconnues et acceptées. Elles sont non solubles dans une approche de l’“Occident”. »

Dans cette marche actuelle d’un monde multipolaire, malgré l’émergence de deux superpuissances antagonistes, la Chine et les Etats-Unis, et de la bataille entre les modèles démocratiques et autoritaires, le Vieux Continent doit tout de même défendre, sans imposer donc, sa voix : « Nous devons expliquer le lien entre la liberté politique et une meilleure vie. Notre combat est d’expliquer que la démocratie, la liberté, la liberté politique, n’est pas quelque chose que l’on peut échanger contre une économie prospère ou une cohésion sociale. Ces choses vont toutes ensemble. Le risque, sinon, est que notre modèle périsse et ne soit pas capable de survivre dans ce monde. »

Par Philippe Jacqué(Bruxelles, bureau européen) Publié le 14 octobre 2022 Le Monde
EEAS | EEAS Website
The European External Action Service (EEAS) is the European Union’s diplomatic service. Since 2011, the EEAS carries out the EU’s Common Foreign and Security Policy to promote peace, prosperity, security, and the interests of Europeans across the globe.
Original link
L’Union européenne sur la scène internationale, une puissance normative ? – Classe Internationale
« Cet accord [COP21] est une victoire majeure pour l’Europe. Mais plus important encore, c’est une victoire majeure pour la communauté internationale» , s’est félicité Miguel Arias Cañete , le représentant de l’Union européenne à la COP21. La capacité de l’UE à influencer la prise de décision à l’échelle internationale sur le terrain environnemental corrobore l’idée d’une « puissance normative européenne » développée par Laiki Laïdi (1).
Original link