Le paradoxe pour l'UE est qu'elle n'est pas perçue comme un acteur majeur dans le système de la gouvernance économique mondiale bien qu'elle soit, en termes de PIB, la première puissance économique (avec environ 22% du PIB mondial). Pour l'heure, elle parvient encore à faire entendre sa voix dans le concert des nations grâce à son héritage historique, mais au fur et à mesure que s'accroîtra la concurrence des économies émergentes, il deviendra de plus en plus difficile pour elle de tenir une telle position. Pour éviter la marginalisation, le défi pour l'UE est double: il s'agit d'une part de parvenir à maintenir son statut de puissance économique et d'autre part de trouver le moyen de convertir de manière durable son potentiel économique en capacité d'influence, ce qui passe par une réforme interne et une définition claire de sa propre vision de l'avenir.
Dès lors, les efforts de l'UE doivent porter sur trois axes. Tout d'abord, il paraît impératif de relancer l'effort de compétitivité au sein de l'UE. Deuxièmement, si l'UE veut continuer à participer à la structuration du système économique mondial de demain, elle doit doit se montrer plus unie, plus cohérente, et mieux à même de définir et d'exprimer une position commune. Enfin, la troisième piste est pour l'UE d'apprendre à travailler de manière Indépendante et constructive avec les nouveaux acteurs clés du monde de demain, à savoir les grandes économies émergentes.
F. Nicolas, L'Europe et le monde en 2020, Septentrion, 2019
Défense européenne, Alliance atlantique et OTAN
La coopération entre l'Alliance atlantique et l'Union européenne est source de débat en Europe, où deux visions s'affrontent. D'un côté, certains pays sont pleinement engagés dans l'Alliance et souhaitent conserver l'assurance de la protection américaine. Ces Etats - les pays baltes ou la Pologne - craignent une résurgence militaire russe et estiment que l'Europe n'a pas les moyens d'y faire face seule.
Par opposition, des pays comme la France et l'Allemagne sont partagés entre cette vision et le besoin de développer une structure de sécurité collective autonome et plus indépendante des Etats-Unis (...). Dans une volonté de se désengager des conflits mondiaux, Washington estime que les Européens se reposent trop sur les Etats-Unis pour leur défense, remettant en question la protection américaine. [Le président Trump] a plusieurs fois réclamé des efforts financiers de la part des Etats européens qui, pour la plupart, ne respectent pas les recommandations (1) de l'OTAN en termes de dépenses militaires.
"OTAN / Union européenne : quelle coopération ?", touteleurope.eu, 3 avril 2019
(1) L'OTAN demande aux pays membres de porter à 2% du PIB leurs dépenses militaires.
Or, ce qui mène le monde n’est plus seulement l’économie, comme ces cinquante dernières années, mais les « identités », dit-il. « De plus en plus, des identités s’élèvent, souhaitent être reconnues et acceptées. Elles sont non solubles dans une approche de l’“Occident”. »
Dans cette marche actuelle d’un monde multipolaire, malgré l’émergence de deux superpuissances antagonistes, la Chine et les Etats-Unis, et de la bataille entre les modèles démocratiques et autoritaires, le Vieux Continent doit tout de même défendre, sans imposer donc, sa voix : « Nous devons expliquer le lien entre la liberté politique et une meilleure vie. Notre combat est d’expliquer que la démocratie, la liberté, la liberté politique, n’est pas quelque chose que l’on peut échanger contre une économie prospère ou une cohésion sociale. Ces choses vont toutes ensemble. Le risque, sinon, est que notre modèle périsse et ne soit pas capable de survivre dans ce monde. »