Moyen-Orient
H6 :
UNE REMISE EN CAUSE DE LA BIPOLARISATION DU MONDE
De la Palestine à l'Etat d'Israël
 
La déclaration d'indépendance d'Israël
«La terre d’Israël est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que se forma son caractère spirituel, religieux et national […]. En 1897, inspiré par sa vision de l’État juif qu’avait eue Theodor Herzl, le premier congrès sioniste proclama le droit du peuple juif à la renaissance nationale dans son propre pays […].
La Shoah, qui anéantit des millions de Juifs en Europe, montra à nouveau l’urgence de remédier à l’absence d’une patrie juive par le rétablissement d’un État juif dans le pays d’Israël, qui ouvrirait ses portes à tous les Juifs et conférerait au peuple juif l’égalité des droits au sein de la famille des nations. […]
Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies adopta une résolution prévoyant la création d’un État juif indépendant dans le pays d’Israël et invita les habitants du pays à prendre les mesures nécessaires pour appliquer ce plan […].
En conséquence, nous, membres du Conseil national représentant le peuple juif du pays d’Israël et le mouvement sioniste mondial […], proclamons la fondation de l’État juif dans le pays d’Israël, qui portera le nom d’État d’Israël […].»
Déclaration d’indépendance prononcée par David Ben Gourion, 14 mai 1948.
Deux histoires pour une seule terre
En 2003, des professeurs d'histoire israéliens et palestiniens, décident d'écrire chacun l'histoire du conflit entre les 2 peuples. Les 2 textes mis en vis-à-vis dans la publication d'origine, donnent ici leur version de la guerre de 1948.

Point de vue israélien : La guerre d’indépendance
Le 29 novembre 1947, l'Assemblée des Nations unies approuva à une écrasante majorité la proposition de création de deux Etats indépendants côte à côte. Le Foyer juif accueillit le soir même la décision par des chants et des danses, mais dès le lendemain matin les Arabes qui n'avaient pas accepté le plan de partage, soutenus par des volontaires venus d'autres pays arabes, se lancèrent dans des actions terroristes (...).
On appelle la guerre commencée le 30 novembre 1947 "guerre d'indépendance" parque qu'à l'issue des combats, le Foyer juif obtint son indépendance après en avoir été empêché par les pays arabes et les Arabes sur place. Les forces armées arabes attaquèrent les colonies isolées, les juifs dans les villes à population mixte, les routes, et montèrent également des opérations de terreur.

Point de vue palestinien : La Nakba (la catastrophe)
La résolution 181 votée le 29 novembre 1947 par l'Assemblée générale des Nations Unies préconisait le partage de la Palestine en deux Etats, l'un arabe et l'autre juif. Elle déclencha, d'une part, le compte à rebours de la proclamation de l'Etat d'Israël, le 14 mai 1948, et, d'autre part, la Nakba de 1948, synonyme de déracinement et de dispersion pour le peuple palestinien (...). Ce qui arriva au peuple palestinien en 1948 est une expropriation de la terre, une expulsion des habitants, un assassinat de la vérité (...). La destruction de 418 villages palestiniens, le souci de dissimuler toute trace indiquant le présence d'une vie palestinienne antérieure sur ces terres, les massacres commis contre le peuple palestinien, confirment la brutalité dont ce dernier, désormais dispersé, a été la victime. Le plus tristement célèbre de ces massacres est celui de Deir Yassin qui fit plus de 100 martyrs e des dizaines de blessés. Les survivants après avoir été soumis aux pires atrocités, pratiques immorales et inhumaines, furent expulsés de la localité.
Peace Research Institute in the Middle-East, Histoire de l'Autre, Leana Levi, 2004
La guerre des Six Jours (5-10 juin 1967)
En juin 1967, Nasser (président de l'Egypte) fait bloquer le détroit de Tiran pour asphyxier l'économie d'Israël, qui riposte par une guerre-éclair.
 
La résolution 242 de l'ONU
"Le Conseil de sécurité (...) affirme que l'accomplissement des principes de la Charte [ des Nations unies] exige l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient qui devrait comprendre les deux principes suivants :
1. Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés 1 au cours du récent conflit.
2. Fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque Etat de la région et de son droit de vivre en paix à l'intérieur des frontières sûres et reconnues, à l'abri de menaces ou d'actes de violence."
Résolution 242 de l'ONU adoptée à l'unanimité le 22 novembre 1967
1. "De territoires occupés" dans la version anglaise du texte

Israël refuse d'évacuer les territoires occupés à l'issue du conflit et les Etats arabes ne reconnaissent par l'Etat israélien
Le Proche-Orient et l'affirmation du Tiers-monde
" [Avec la naissance de l'Etat d'Israël], la question du Proche-Orient devient l'une des plus lancinantes de la vie internationale, encore aggravée par son imbrication dans le conflit Est-Ouest, Israël se rapprochant de l'Occident ; les pays arabes de l'Urss(...).
La dégradation des relations israélo-arabes conduit en 1967 à la guerre des Six Jours qui se conclut par la défaite des forces arabes et l'agrandissement d'Israël (...). S'ensuit une période de grave tension internationale que prolonge le déclenchement du terrorisme palestinien (...). Cette situation explosive dégénère vite en un nouveau conflit à l'automne 1973 (...). [Défaits par Israël], les Arabes utilisent à l'encontre de l'Occident l'arme pétrolière : le quadruplement des prix du brut ouvre en fait l'ère de la crise mondiale. Mais les Supergrands font preuve de réalisme et de retenue, le contrôle de la situation leur échappe (...). Tous ces conflits (...) montrent les limites de la Détente. Non seulement le duopole soviéto-américain ne parvient pas à garantir la paix, mais il se trouve nié par le déchaînement de nouvelles forces internationales, notamment le clivage Nord-Sud, opposant pays développé et pays du tiers-monde, qui se surimpose au clivage Est-Ouest.
F.C.Mougel et S. Pacteau, Histoire des relations internationales, Que sais-je?, 2018
La charte de l'OLP en 1968
Après la guerre des Six Jours, la première charte de l’OLP (Organisation de la Libération de la Palestine), élaborée en 1964, est réécrite dans un sens plus radical.
«1. La Palestine est la patrie du peuple arabe palestinien ; elle constitue une partie inséparable de la patrie arabe et le peuple palestinien fait partie intégrante de la nation arabe.
2. La Palestine, dans les frontières du mandat britannique, constitue une unité territoriale indivisible.
3. Le peuple arabe palestinien détient le droit légal sur sa patrie et déterminera son destin après avoir réussi à libérer son pays en accord avec ses vœux, de son propre gré et selon sa seule volonté. […]
5. Les Palestiniens sont les citoyens arabes qui résidaient de façon permanente en Palestine jusqu’en 1947, qu’ils en aient été expulsés par la suite où qu’ils y soient restés. Quiconque est né de père palestinien après cette date en Palestine ou hors de Palestine est également palestinien. […]
9. La lutte armée est la seule voie menant à la libération de la Palestine […].
10. L’action des commandos constitue le centre de la guerre de libération populaire palestinienne, ce qui exige de l’intensifier, de la généraliser, de la garantir et de mobiliser tout le potentiel humain et activiste palestinien en l’organisant et en l’entraînant dans la révolution palestinienne armée […].»
Charte révisée adoptée par le IVe Conseil national palestinien, juillet 1968.
La guerre du Kippour
 
Anouar al-Sadate, Jimmy Carter et Menahem Begin signant le traité de paix, 1979

Le traité de paix, issu des accords de Camp David prévoit la reconnaissance mutuelle d’Israël et de l’Égypte, ainsi que l’évacuation du Sinaï par Israël. L’initiative de Sadate est très impopulaire dans le monde arabe (notamment en Syrie et Jordanie). Cependant, cette paix négociée avec l’Égypte met un terme à la série des conflits armés entre Israël et les armées des États arabes.
 
1977, Anouar el-Sadate s’adresse à la Knesset
« Personne n’imaginait que le chef d’État du plus grand pays arabe, sur les épaules de qui reposent la plus grande partie du fardeau et la responsabilité principale dans le problème de la guerre et de la paix au Proche-Orient, pourrait se déclarer disposé à aller sur la terre de l’adversaire alors que nous étions encore dans un état de guerre et que nous souffrons toujours des effets de quatre guerres en trente ans. [...] Je suis venu chez vous pour qu’ensemble nous puissions construire une paix permanente et juste et éviter que soit versée une seule goutte de sang d’un seul Arabe ou d’un seul Israélien. [...]
Je vous dis, en vérité, que la paix ne sera réelle que si elle est fondée sur la justice et non sur l’occupation des terres d’autrui. Il n’est pas admissible que vous demandiez pour vous-mêmes ce que vous refusez aux autres. Franchement, dans l’esprit qui m’a poussé à venir aujourd’hui chez vous, je vous dis : vous devez abandonner une fois pour toutes vos rêves de conquêtes. Vous devez abandonner aussi la croyance que la force est la meilleure façon de traiter avec les Arabes. Vous devez comprendre les leçons de l’affrontement entre vous et nous. [...]
Qu’est-ce que la paix pour Israël ? Vivre dans la région avec ses voisins arabes en sûreté et en sécurité. À cela, je dis oui. Vivre à l’intérieur de ses frontières, à l’abri de toute agression. À cela je dis oui. Obtenir toutes sortes de garanties qui sauvegarderaient ces deux points. À cette demande, je dis oui. [...] Il y a de la terre arabe qu’Israël a occupée et qu’il continue à occuper par la force des armes. Nous insistons sur un retrait complet de ce territoire arabe, y compris Jérusalem arabe. »
Anouar el-Sadate, discours devant la Knesset, 20 novembre 1977.