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Etats-Unis : une fragmentation sociale de plus en plus forte du monde rural
" Des petits paysans privés d'accès à l'eau", dessin de Chris Madden, 2011
L'irrigation à grande échelle pratiquée par les grandes exploitations agricoles, liées à l’agrobusiness, prive les petits producteurs d'un accès à l'eau, pourtant vital au développement de leurs cultures.
Traduction : "Multinationale agricole : ne pas entrer"
 
Les Cévennes, de la déprise à la renaissance rurale
Si Giono, conteur de Regain (1930), passait aujourd’hui par le Gard, entre Anduze et Le Vigan, sans doute en serait-il nouvellement inspiré. […] Les Cévennes ont été données pour mortes, dans les années 1970, alors qu’un long siècle de déprise se soldait par un effondrement démographique presque total. Patrick Cabanel (1) donne toute la mesure de cette mort annoncée, en quelques pages qui font écho – nombreux chiffres à l’appui – à ce livre terrible de Jean-Pierre Chabrol, Le Crève‑Cévenne, publié en 1972.
« Au recensement de 1975, l’étiage est atteint dans les Cévennes, écrit l’historien, le désert est proche, avec l’abandon, les ruines, les friches. Le bâti se défait, des hameaux entiers sont délaissés, outre d’innombrables fermes isolées, le paysage se transforme en profondeur : les terrasses et les prés s’embroussaillent, le châtaignier recule face aux résineux. » Mais un « miracle » a eu lieu. Car, dès le début des années 1980, le regain des Cévennes a la puissance d’une renaissance : « Du recensement de 1975 à celui de 2009, le canton d’Anduze a gagné 5 158 habitants, soit une progression de 70 % en une trentaine d’années ; […] la Cévenne rurale et de piémont a progressé de 3 210 habitants, soit + 15,8 %… »
Au-delà des chiffres, l’ouvrage publié par Alcide, éditeur nîmois lui-même représentatif de cette renaissance qui est aussi culturelle, démontre que ce regain est d’une qualité particulière : densité surprenante de librairies, comme au Vigan (où le libraire est aussi le maire charismatique), à Anduze, à Saint‑Hippolyte‑du‑Fort ; multiplication de sites internet, de manifestations culturelles, de conférences, de musées, d’associations, d’artisans et de « paysans » bio…

Antoine Peillon, « La “renaissance” des Cévennes », La Croix, 9 avril 2015

(1) Historien, auteur du livre Les Cévennes au XXIème siècle, une renaissance, Alcide et Club cévenol, 2013

Un village rural au Laos
60% de la population du Laos vit en zone rurale, principalement de cultures vivrières (riz, maïs, fécules), malgré la faible surface de terres cultivables (4% de la superficie du pays)
 

L’hyper-ruralité en France

On parle d’hyper-ruralité pour désigner les espaces moins bien insérés dans l’économie mondialisée et peu dynamique. En France, ce sont les espaces les moins accessibles, connaissant les plus fortes pertes de populations ; ils se situent dans les régions de moyenne montagne, dans des départements comme la Creuse dans le Massif-Central.
De même, les Vosges connaissent un déclin démographique qui se doublent d’un certain isolement spatial par rapport aux centres urbains, les bourgs ruraux y étant particulièrement touchés par la désertification et la fermeture des services publics.
Les Ardennes sont également une marge rurale touchée par une déprise agricole et la crise industrielle.
Eloïse Libourel, Géographie de la France, Éditions A. Colin, 2017
L’exode rural et ses conséquences sociales dans les espaces ruraux chinois
Quelques paysans s’acharnent sur des lamelles de terre à flanc de colline, trop ingrates à cette altitude pour donner du riz. Nayong […] est typique de ces régions pauvres et reculées aux villages peuplés d’enfants et de vieillards. Les parents sont des « travailleurs migrants » partis sur la ligne de front, les grandes villes, où ils vivent dans des conditions précaires et livrent une bataille inégale contre la Chine éduquée et urbaine. Leurs enfants restent le plus souvent en zone rurale sous la garde de grands‑parents ou parfois seuls, à fréquenter des écoles éloignées, à se morfondre ou à faire les quatre cents coups. Cette pathologie sociale est devenue tellement répandue en Chine qu’elle a fait naître une expression, les « enfants laissés à l’arrière » ou « liushou ertong » en chinois. Ils seraient aujourd’hui 61 millions dans les campagnes chinoises, soit 40 % de tous les enfants d’origine rurale de moins de 16 ans. […] Zhu Xinyuan, un petit bonhomme de huit ans d’un village du comté, […] partage avec son grand‑père de 71 ans les deux pièces d’une fermette à peine meublée. […] Parti il y a cinq ans travailler comme ouvrier de la construction dans l’Est de la Chine, le père de Xinyuan n’est revenu qu’une fois voir l’enfant, en décembre 2014. La mère du garçonnet est partie avec la fille du couple il y a 4 ans sans donner de nouvelles. Le vieux paysan a élevé l’enfant seul.

Brice Pedroletti, « En Chine, au pays des enfants délaissés », Le Monde, 2016