Versailles, le "Roi-Soleil" et la société de cours
THEME 3 : L'ETAT A L'EPOQUE MODERNE
Chapitre 5 : L'affirmation de l'Etat dans le royaume de France
En 1682, Louis XIV se fixe au château de Versailles, dont il a dirigé le chantier avec les architectes Louis Le Vau et Jules Hardouin-Mansart, le jardinier André Le Nôtre et le peintre Charles Le Brun. Le roi y met en scène l'absolutisme dans le cadre de la société de cour. Il a choisi ce lieu à l'écart de Paris pour y accueillir la cour - environ 10 000 personnes, nobles, serviteurs et conseillers du roi. L'agencement du palais et les règles définissant la vie à la cour, ou étiquette, placent le roi au centre de tout.
Versailles, une ville palais
Pierre Patel, Le château de Versailles, huile sur toile, 1668, château de Versailles
Le château a été construit sur un axe est-ouest pour suivre la course du soleil. Le canal en construction à cette date a nécessité des travaux complexes. La chapelle, construite entre 1709 et 1711, n'apparait pas encore ici
 
L'emblème de Louis XIV : le soleil
Grille du château du "Roi-Soleil", emblème adopté en 1662. Versailles
 

Le règne du "Roi-Soleil" mis en scène
Engagé par Louis XIV pour écrire l’histoire de son règne, André Félibien présente les travaux à Versailles.
« Entre toutes les maisons royales […], Sa Majesté commença en l’année 1661 à y faire travailler pour la rendre plus grande et plus logeable qu’elle n’était. […] elle est sans doute un des plus beaux lieux qui soit au monde […]. Comme celle-ci est […] tous les jours visitée de tout ce qu’il y a de personnes en France ; et que les étrangers et ceux qui ne peuvent pas avoir le plaisir de la voir, sont bien aises d’en ouïr raconter les merveilles ; il a été trouvé à propos, qu’en attendant que toutes les choses […] auxquelles on travaille sans cesse dans cette maison royale, soient entièrement achevées et donnent lieu d’en faire une description ample et exacte, l’on en commençât une […]. Elle pourra même servir à beaucoup de personnes qui vont la visiter ; car […] ils auront encore moins de peine à s’en souvenir, et à repasser agréablement dans leur esprit ce qu’ils auront vu pour en faire part à leurs amis. […] Il est bon de remarquer d’abord que, comme le soleil est la devise du roi et que les poètes confondent le Soleil et Apollon, il n’y a rien dans cette superbe maison qui n’ait rapport à cette divinité […]. »
André Félibien, Description sommaire du château de Versailles, 1674

Une journée à la cour

D'abord je suis allée à Versailles, où nous étions occupés toute la journée. Depuis le matin jusqu’à 3h de l'après-midi, l’on chassait ; en revenant de la chasse, on changeait de costume et l'on montait au jeu, où l’on restait jusqu’à 7h du soir ; puis on allait à la comédie, qui ne finissait qu’à 10h30 du soir ; après la comédie, on soupait ; après le souper venait le bal qui durait jusqu’à 3h00 du matin, et alors seulement on allait se coucher.

Lettre de la princesse Palatine à sa tante Sophie, 14 décembre 1676

Les distractions obligées

On va au billard et l'on se met sur le ventre, sans que personne ne dise un mot. L'on reste ainsi accroupi jusqu’à ce que le Roi ait joué une partie. Alors tout le monde se lève et l'on va à la musique ; on chante un air de vieil opéra que l'on a entendu cent fois point ensuite, nous allons au bal, qui dure de 8 à 10h. Ceux qui, comme moi, ne dansent pas, restent assis des heures, sans quitter une seconde leur place et ne voient ni n'entendent rien qu'un interminable menuet. A dix heures moins le quart, on danse une contredanse, les uns après les autres, comme les enfants qui récitent le catéchisme, et alors le bal prend fin.

Correspondance de Madame la duchesse d'Orléans, épouse du duc d'Orléans, frère du roi

Une prison dorée pour les courtisans
Courtisan sous Louis XIV, Saint-Simon, une fois retiré sur ses terres, critique le système de cour.
« Les fêtes fréquentes, les promenades particulières à Versailles, les voyages, furent des moyens que le roi saisit pour […] tenir chacun assidu et attentif à lui plaire. […] Non seulement il était sensible à la présence continuelle de ce qu’il y avait de distingué, mais il l’était aussi aux étages inférieurs. Il regardait à droite et à gauche à son lever, à son coucher, à ses repas, en passant dans les appartements, dans les jardins de Versailles, où seulement les courtisans avaient la liberté de le suivre ; il voyait et remarquait tout le monde ; aucun ne lui échappait […]. C’était un démérite aux uns […] de ne pas faire de la cour son séjour ordinaire, aux autres d’y venir rarement, et une disgrâce sûre pour qui n’y venait jamais. »
Duc de Saint-Simon, Mémoires, 1739-1749.
Louis XIV en Apollon
Allégorie de Louis XIV en Apollon dans le char du soleil précédé par l'Aurore et accompagné par les Heures, gouache de Joseph Werner, vers 1662-1667, château de Versailles
Apollon est le dieu grec de la lumière, des arts et de la beauté masculine. Les Heures et l'Aurore annoncent la venue du soleil