Doc 1 : L'état de l'URSS : le rapport Zaslavskaïa (1983)
En avril 1983, la sociologue soviétique Tatiana Zaslavskaïa présente un rapport sur les différentes difficultés économiques et sociales de l'URSS. Mikhaïl Gorbatchev reprend à son compte les idées du rapport pour lancer la perestroïka, en 1985.
Pendant des dizaines d'années, le développement économique de la société soviétique a été caractérisée par des taux de croissance élevés et par une grande stabilité. Cependant, au cours des 12 ou 15 dernières années, une tendance à une réduction marquée des taux de croissance du revenu national a commencé à se faire sentir (…). Cela n'assure ni la croissance voulue du niveau de vie du peuple, ni le rééquipement intensif de la production (…). Les lignes essentielles du système actuel de direction étatique de l'économie en URSS (…) ont été fixées il y a 5 décennies. Depuis lors, ce système a, plus d'une fois, été retouché, rénové, perfectionné, mais il n'a été jamais soumis à une restructuration qualitative qui aurait reflété les transformations principales de l'état des forces productives (…). Il faut reconnaître que le mécanisme social de développement économique fonctionnant actuellement en URSS ne donne pas de résultats satisfaisants. Le type social de travail qu’il a formé ne répond pas aux objectifs stratégiques d'une société socialiste développée, et pas davantage, aux exigences technologiques de la production contemporaine. Les caractères répandus de beaucoup de travailleurs (…) sont un manque de discipline dans le travail et dans la production, une attitude d'indifférence face au travail accompli, une mauvaise qualité de travail (…), une faible valeur accordée au travail comme moyen de réalisation personnelle.
Marie Mendras, Marie-Thérèse Vernet-Straggiotti, « Prélude à la perestroïka, rapport de Tatiana Zaslavskaïa (Novossibirsk, 1983), Vingtième siècle, revue d'histoire, n°38, avril-juin 1993. Presses de la fondation nationale des sciences politiques
Doc 6 : L'éclatement de l'URSS
L'éclatement du putsch (…) a brutalement accéléré la désagrégation de l'Union, la décomposition du pouvoir central, et en premier lieu celui de M. Gorbatchev, et de l'appareil d'Etat. Dans les jours qui ont suivi l'échec du putsch, huit républiques ont proclamé leur indépendance. Les républiques baltes ont aussitôt obtenu une reconnaissance internationale, avant d'être, le 6 septembre, reconnues par l'Union soviétique. Les activités du PCUS ont été suspendues, avant d'être quelques semaines plus tard, interdites par Boris Eltsine (…).
Le 1er décembre l'Ukraine se prononçait, à plus de 80%, pour l'indépendance. Une semaine plus tard, les présidents de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie, réunis à Minsk, constataient que « l'Union soviétique n'existait plus ». Ils décidaient de former une « Communauté des Etats Indépendants », ouverte « à tous les Etats de l'ancienne URSS ». Le 21 décembre, au sommet de Alma-Alta, auquel M. Gorbatchev, pas plus qu’à la rencontre de Minsk, n'avait été invité, 8 autres Républiques décidaient de rejoindre la CEI, entérinant ainsi la fin de l'Union soviétique. Il ne restait plus qu’à M. Gorbatchev de mettre fin à ses fonctions de président d'une entité qui avait cessé d'exister.
Nicolas Werth, Histoire de l'Union soviétique, éditions PUF, 2 008
Doc 8 : Les accords de Minsk (8 décembre 1991)
Nous, la République du Bélarus, la Fédération de Russie et l'Ukraine, en qualité d'Etats fondateurs de l'Union des républiques socialistes soviétiques et signataires de l'accord de l'Union signé en 1922, dénommés ci-après « Hautes Parties Contractantes », constatant que l'Union des républiques socialistes soviétiques, en tant que sujet du droit international et réalité géopolitique, cesse son existence (…).
Art. 1 : Les Hautes Parties Contractantes forment la Communauté des Etats Indépendants (…)
Art. 3 : Les Hautes Parties Contractantes souhaitant contribuer à l'expression, à la sauvegarde et à l'évolution des authenticités ethniques, culturelles, linguistiques et religieuses des minorités nationales et des régions ethnoculturelles uniques, prennent soin et défense de ces groupements.
Art. 4 : Les Hautes Parties Contractantes ont l'intention de développer la coopération mutuellement bénéfique et égalitaire entre les peuples et les Etats dans les domaines politique, économique, culturel, de l'éducation, de la santé, de l'environnement, de la science et du commerce, dans le domaine humanitaire et autres, et de favoriser un large échange d'informations et du respect les obligations mutuelles (…).
Art. 5 : Toute Haute Partie Contractante reconnaît et respecte l'unité territoriale des Hautes Parties et l’inviolabilité des frontières existantes au sein de la Communauté. Le Hautes Parties garantissent l'ouverture des frontières, la liberté des citoyens et d'échange d'information au sein de la Communauté.
Art. 6 : Les États membres de la Communauté ont l'intention de coopérer dans la création de la paix et de la sécurité dans le monde et de, et de prendre des mesures effectives dans la réduction des armements et des dépenses militaires (…).
Accord portant sur la création de la Communauté des Etats Indépendants, 8 décembre 1991, Informatsionny Vestnik « Sodruzhevsto », trad. A. Kulik, cvce.eu