EMC
Défiance, violence et exclusion
LA SOCIETE, LES SOCIETES

AXE 1 : Fondements et fragilités du lien social
La notion de violence politique est plurielle : elle renvoie à la fois à la violence utilisée par les citoyens pour manifester leurs revendications ainsi qu’à la réponse possible du pouvoir étatique. Largement pacifiées, les sociétés modernes sont encore des lieux d’explosion occasionnels de violence, notamment face à la montée des difficultés économiques et des inégalités sociales.

ACTIVITE : TRAVAIL REFLEXIF
Après avoir étudié les documents et en vous appuyant également sur vos connaissances personnelles, rédigez une réflexion argumentée et contradictoire autour du thème suivant :
La violence est-elle « le contraire de la démocratie », comme l’a affirmé la ministre du Travail Muriel Pénicaud en janvier 2019 ?

La violence comme élément de définition de l’État

La chose est connue, elle a même été théorisée, notamment par Thomas Hobbes (1) : l’existence d’une loi ne suffit pas pour que celle-ci soit respectée. Pour ce faire, il faut que la perspective d’un déplaisir l’emporte sur la perspective du plaisir. Autrement dit, il faut que la menace de la sanction me fasse réfléchir à deux fois avant de commettre l’infraction. Ce pouvoir de coercition, pour être efficace, doit être appliqué, afin de montrer l’exemple (d’où les appels à « la fermeté » et à « l’autorité » de l’État). Et il ne doit pas être partagé : l’Etat est « détenteur du monopole de la violence physique légitime », selon la formule de Max Weber (2). Les deux éléments sont essentiels : il faut qu’il y ait monopole, sinon un système de régulation parallèle peut exister et mettre en péril la société (c’est le cas avec la mafia ou les cartels) ; mais il faut aussi que cette violence soit légitime. Et là est le problème, comme j’ai déjà eu l’occasion d’en parler : sur quoi se fonde cette légitimité ? […]

Thomas Schauder, « Black blocs, qu’est-ce que la violence légitime ? », LeMonde.fr, 9 mai 2018.

1. Thomas Hobbes (1588-1679), philosophe anglais qui théorise dans le Léviathan le principe d’un État terrifiant, forçant les hommes à respecter la loi par la peur de la punition.
2. Max Weber (1864-1920), philosophe et sociologue allemand.

Le problème de la violence policière
Infographie par David Dufresne, Mediapart, août 2019.
Face au mouvement des « gilets jaunes » et aux nombreuses violences qui l’accompagnent, la brutalité de la répression policière entraîne de très nombreuses blessures et mutilations (et deux décès). La question est portée sur la scène publique.
 
Le cas des « casseurs »
Casseurs cagoulés lors de la manifestation du 1er mai 2016 à Paris
Lors des manifestations notamment au printemps 2018, puis de l’automne 2018-2019, des manifestants s’en prennent parfois à des magasins, à des panneaux ou même à des policiers. Ils sont considérés comme des « casseurs » par les autorités politiques et souvent identifiés à des militants d’extrême-gauche ou d’extrême-droite. Ceux qui s’expriment dans les médias, comme les « black blocs », revendiquent la violence comme une forme légitime d’expression politique.
 

La violence politique est-elle légitime ?

Mais la violence, ça fait partie de la conflictualité sociale et politique. Il y a énormément de progrès dont vous profitez maintenant qui se sont arrachés par la violence, en tout cas par le désordre. […] La violence en politique… Sa légitimité et sa justesse s’évaluent à sa cause. Si demain, des gens commettaient des violences contre le régime de Bachar el-Assad (1) […] je suis sûr que tous ici on dirait : « c’est normal, leur cause est juste, Bachar el-Assad est tellement un dictateur dégueulasse que cette violence est légitime » . Donc en fait l’évaluation de la violence et de la pertinence de la violence en politique doit être toujours articulée à la cause pour laquelle on se met à perpétrer ce genre de violences.

François Bégaudeau (romancier et essayiste français), dans l’émission C dans l’air, le 2 février 2019.

1. Dictateur dirigeant la Syrie depuis 2000, connu pour ses méthodes très violentes.

DETROIT Bande Annonce VF (John BOYEGA // 2017)
Detroit est un film réalisé par Kathryn Bigelow en 2017. Il raconte les émeutes survenues en juillet 1967 à Detroit (États-Unis), pour protester contre la ségrégation raciale et la guerre du Vietnam. Sous pression, les forces de l’ordre répondent brutalement : de nombreux manifestants sont tués.
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VOCABULAIRE
Casseur : personne pratiquant des actes de vandalisme.
Militant : qui se bat pour une cause ou une idée. Utilisé en particulier pour décrire l’engagement politique et / ou associatif.
Violence : force dont on use contre le droit commun.